Le 24 Janvier 2013 disparaissait Jim Wallwork à l’âge de 93 ans. La presse et l’ensemble des médias Anglo-saxons lui consacraient dès le lendemain un hommage unanime. Au Canada, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne des pages entières lui furent consacrées. La France elle, n’a pas mentionné la disparition du tout premier combattant de l’invasion Alliée venu libérer la France dans la nuit du 5 au 6 juin 1944.

Oui, Jim Wallwork fût le tout premier à poser son planeur à 50 mètres du Pont de Bénouville avec à son bord 29 hommes commandés par le Major Howard. La libération de l’Europe venait de commencer. J’ai eu la chance de le rencontrer tout juste deux mois avant sa disparition, et pour cause ! Il est le personnage principal de mon documentaire. Il était aussi le tout dernier survivant des 180 hommes de la toute première opération aéroportée de cette nuit du 5 au 6 juin. Cette même nuit où près de 11 000 avions et planeurs allaient commencer à se poser ou larguer des dizaines de milliers de parachutistes britanniques et canadiens.

C’est autour du témoignage de Jim Wallwork et de quelques uns des vétérans de l’opération Overlord que ce film revisite la première phase de l’invasion alliée et restitue la vérité historique, tout en rendant un hommage particulier à tout ceux que l’histoire a oublié. Une façon de réparer une injustice, et remettre en perspective l’histoire du D-Day.

J’avais fait la même chose à propos de mon film sur l’Exodus, et plus tard celui sur l’Iran. Revisiter l’histoire, la détricoter et compléter le puzzle.

Nous l’avons peut - être oublié aujourd’hui mais ce sont les Britanniques de la 6ème Airborne qui précédèrent l’incroyable armada qui devait déferler sur les plages Normandes au matin du 6 juin 1944.

Qui se souvient de ces jeunes hommes qui dans la nuit du 5 au 6 juin allaient risquer leurs vies, briser le verrou Allemand et laisser pour beaucoup d’entre eux leur jeunesse.

Ce film raconte l’histoire de ces hommes qui furent la tête de pont du débarquement aux avant - postes de la liberté. 

Ce film est aussi une relecture de l’histoire du D-DAY, la partie la plus sous estimée de l’opération Overlord, ces six heures avant les débarquements sur les plages Normandes d’Omaha, Utah, Juno, et Sword beach.

Les livres d’Histoire, les fictions, les documentaires n’ont retenu bien souvent de cette journée, que la partie liée au débarquement américain sur la plage de Omaha Beach.

Omaha “la sanglante” restant le pire désastre du D-DAY, c’est avant tout autour de cette tragédie effroyable que s’est concentré le souvenir  de ce jour mémorable.

La force des images a donc mis essentiellement en avant le courage des troupes Américaines, bien aidé en cela par Hollywood et sa “force de frappe” habituelle rejetant dans l’ombre l’importante présence des troupes Britanniques.

Depuis presque soixante dix ans, on a minimisé, voire occulté l’importance et le poids stratégique de la bataille engagée dès le soir du 5 juin. Ce film tend à réparer cet oubli.

Les faits sont têtus et les Anglais furent les tout premiers à atterrir et à sauter sur la Normandie dès minuit. 

Ce sont plus de 73 000 Britanniques et Canadiens qui vont participer à la plus grande opération de lʼHistoire et ce, depuis la veille du débarquement maritime, l’opération Tonga. 

La symbolique rejoignant lʼhistoire on doit aux soldats Britanniques de la 6ème Airborne dʼavoir libéré le premier village Français vers 3 heures du matin, Ranville. 

Aucun film documentaire nʼétait venu jusqu’à présent raconter leur Epopée. 

Qu’est ce qui n’a pas été dit, écrit, filmé à propos de l’opération OVERLORD depuis près de soixante dix ans ?

C’est cette histoire que nous nous proposons de raconter, en compagnie des derniers témoins directs. Tournés sur les lieux même de leurs missions en France et en grande Bretagne, les vétérans vont nous faire revivre ces tout premiers instants du jour le plus long.

J’ai demandé aux services cinématographiques de l’Imperial War Museum à Londres de me fournir les bobines originales tournées et envoyées par les opérateurs de l’AFPU sur lesquelles figurent les claps de tournage où sont mentionnés le nom de l’opérateur, le jour du tournage, et le lieu. J’ai obtenu aussi les rapports de tournage qui étaient envoyés quotidiennement à Londres et sur lesquels tous les plans tournés étaient décrits par les preneurs d’images et les photographes. 

Nous découvrons au plan près, jour par jour, heure par heure, minute par minute le déroulé exact des opérations.

Ainsi, les films et photographies des 6 opérateurs Britanniques engagés dès les premières minutes des combats, les reportages radios réalisés en direct par les 8 envoyés spéciaux de la BBC, sur les terrains de décollages et d’atterrissages, à bord des planeurs et des bombardiers sur le terrain des combats donnent au film une actualité, une immédiateté et permettent aux téléspectateurs de vivre l’évènement en direct.

Loin des artifices de la colorisation d’images et de la “Guerre en couleur!” ou de leur utilisation approximative, le vivant s’invite tout au long des minutes du film.

C’est un film VIVANT, c’est un film en DIRECT, les quelques commentaires qui l’accompagnent étant là pour préciser les enjeux historiques. 

J’ai recherché pendant deux ans les vétérans qui pouvaient figurer sur les images tournées à l’époque, et je les ai retrouvés. La description par nos témoins à la vue des images qu’ils découvrent ou redécouvrent, visionnent et commentent, et le fait absolument bouleversant qu’ils s’y reconnaissent et revoient leurs amis, donne à ce documentaire toute sa force. Mais ce film va plus loin et livre aussi la part d’ombre du D-Day. Tout en célébrant le courage et la bravoure de ceux qui ont combattu ce jour là, le film ouvre un chapitre sur des faits jamais racontés par les témoins directs des combats. Ils livrent devant la caméra certaines choses qu’ils portent en eux depuis si longtemps comme un fardeau et qu’il n’avaient jamais pu ou su exprimer.  

Lʼopération PEGASUS méritait que l’on revienne sur ce moment si particulier de notre histoire.